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PLUS QU'UN JEU, SON METIER: ONLINE PROGRAMMER

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L’expression « parcours atypique » lui sied parfaitement. Après huit ans d’étude dans le domaine de la chimie organique, et une thèse sur le sujet, elle a repris ses études pour se lancer dans la programmation. Un virage qui lui permet d’être désormais Online Programme chez Ubisoft Ivory Tower.

Après des études et une thèse en chimie organique, Justine a repris une formation à la programmation avant de rejoindre Ubisoft Québec comme Online Programmer. Aujourd'hui, elle travaille à Ubisoft Ivory Tower sur des jeux tels que The Crew 2.

Elle aime : « Les animaux, qui méritent beaucoup d’amour car elles en apportent à beaucoup de gens. »

Elle n'aime pas : « Les endives au jambon »

COMMENT TA PASSION POUR LES JEUX VIDÉO A DÉBARQUÉ DANS TA VIE ? QUEL TYPE DE JOUEUSE ÉTAIS-TU À CETTE ÉPOQUE-LÀ ?

JUSTINE DESROCHES - Je pense que j’avais une dizaine d’années, quand mon cousin, qui était plus âgé que ma sœur et moi, nous avait ramené Age of Empires. Mais nos parents n’aimaient pas qu’on soit sur l’ordinateur, donc on avait un temps limité pour découvrir les jeux vidéo. J’ai passé plus de temps dehors, mais j’ai quand même découvert Tomb Raider, Prince of Persia ou Harry Potter. Je me suis vraiment plongée dedans une fois adulte, quand j’ai quitté la maison pour mes études. Je n’avais pas beaucoup de temps pour sortir, il fallait que je trouve des activités faciles à faire, et les jeux vidéo étaient tout indiqués. J’ai beaucoup exploré les jeux en ligne, justement parce que cela me permettait d’avoir des moments de sociabilisation avec mes amis.

online programmer AGEOFEMPIRE

TOUT CELA S’EST COUPLÉ D’UN VRAI INTÉRÊT POUR LA PROGRAMMATION. QU’EST-CE QUI T’INTÉRESSAIT DANS CE DOMAINE ET EN QUOI LE LIAIS-TU OU PAS AUX JEUX VIDÉO ?

J. D. - Ce que j’ai aimé d’emblée avec la programmation, en la découvrant en cours, c’était d’arriver à afficher quelque chose à l’écran. Un sapin de Noël en ASCII, par exemple. J’aimais arriver à retranscrire ce genre de chose grâce au code et toute la logique qu’il y a derrière. C’est plus tard que j’ai fait le lien avec le jeu vidéo, quand j’ai réalisé que c’était aussi des programmes informatiques, et que l’on pouvait retranscrire plein de choses dans tout un tas de langages différents.

TU AS ENTAMÉ PAR LA SUITE DES ÉTUDES EN CHIMIE ORGANIQUE, ET MÊME UNE THÈSE DANS LE DOMAINE. TRÈS LOIN EN APPARENCE DU JEU VIDÉO ET DU CODE. POURQUOI AVOIR FINALEMENT CHOISI CE CHAMP DE LA SCIENCE ET QUELLE A ÉTÉ TA SPÉCIALISATION ?

J. D. - Tout ce qui touche aux sciences, à la logique, ça me plaisait. Et puis, je trouve que la chimie est un mélange de programmation et de cuisine. On veut obtenir un produit, et il faut trouver quels ingrédients mettre dans ce mélange, et dans quelle condition, avec quelle logique. J’avais l’impression de créer des choses, c’était fascinant. Je suis allé jusqu’à une thèse au Canada, où j’ai vraiment pu pratiquer, « mettre les mains dedans ». C’est quelque chose que je retrouve dans le code désormais : se plonger dans une machine, un composé, pour comprendre son fonctionnement.

APRÈS HUIT ANS D’ÉTUDES, TU TE RÉORIENTES POUR ÉTUDIER LA PROGRAMMATION PENDANT UN AN. QU’EST-CE QUI T’AS AMENÉ ENSUITE CHEZ UBISOFT QUÉBEC EN 2018, ET NOTAMMENT AU POSTE DE ONLINE PROGRAMMER ?

J. D. - Je pense que j’ai eu beaucoup de chance et que j’ai postulé au bon moment ! Je cherchais un travail dans l’informatique et la programmation. Et si le jeu vidéo prenait de plus en plus en place dans ma vie, je pensais que c’était un milieu inatteignable, car je n’avais pas fait d’école dédiée. J’ai donc postulé à cette offre de Online Programmer sans trop avoir d’espoir. A ma grande surprise, j’ai été recontactée, mon parcours atypique leur avait beaucoup plu. Ils trouvaient que mon manque d’expérience en programmation n’était pas grave, car j’avais pu démontrer que j’allais apprendre rapidement et que j’avais compris la logique globale du langage qu’ils utilisaient.

COMMENT S’EST PASSÉE TON INTÉGRATION DANS CE NOUVEAU MILIEU ? TON PASSÉ DE DOCTORANTE T’A-T-IL ÉTÉ UTILE POUR INTÉGRER DE NOUVELLES MISSIONS ET COMPÉTENCES ?

J. D. - L’intégration s’est extrêmement bien passée, j’ai eu la chance de démarrer dans une petite équipe, mes collègues étaient vraiment disponibles pour répondre à mes questions. J’ai eu de suite envie d’apprendre énormément et de faire mes preuves. La thèse m’a énormément aidée à réfléchir par moi-même, à être autonome, persévérante, et à avoir une logique très utile pour la programmation. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas être Programmer sans avoir fait de thèse, bien sûr ! Mais si la sémantique est différente entre ces deux domaines, les règles qui les régissent sont assez similaires.

EN TANT QUE JOUEUR.EUSE, COMMENT PEUT-ON RETROUVER TON TRAVAIL EN EXPLORANT UN JEU COMME THE CREW 2 PAR EXEMPLE ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU L’ÉTENDUE DE TON DOMAINE D’INTERVENTION DANS LA CRÉATION D’UN JEU AYANT UNE DIMENSION ONLINE ?

J. D. - The Crew 2 est un jeu fait pour être joué à plusieurs, en crew justement. Le Online se retrouve un peu partout. Par exemple pour garder une sauvegarde, sur les serveurs, de la progression des joueurs et des véhicules en leur possession. Inviter des amis à jouer aussi. Et bien sûr, la réplication : c’est-à-dire s’assurer que tel.le joueur.euse voit bien la même chose au même moment que les autres joueur.euse.s présent.e.s à ses côtés. C’est un vrai enjeu pour le Online, et on va toujours chercher plus de moyens de compenser les problèmes matériels potentiels, de tendre vers le quasi-temps réel.

IL Y A-T-IL D’AUTRES ENJEUX, SELON TOI, POUR LE ONLINE, QUI PREND UNE PLACE TOUJOURS PLUS IMPORTANTE DANS L’EXPÉRIENCE DES JOUEURS ?

J. D. - Tous les jeux et joueur.euse.s n’ont pas les mêmes besoins vis-à-vis du online. Mais on se rend compte que l’on tend de plus en plus vers des expériences où les joueur.euse.s ne sont uniquement dans la même zone géographique, iels sont dans des pays très éloignés les uns des autres. Il faut qu’un.e Américain.e puisse jouer avec un.e Australien.ne. Par ailleurs on a de plus en plus de cross-plateforms, on se doit de permettre à quelqu’un sur PS4 puisse jouer avec quelqu’un sur Xbox ou PC. Il est très important qu’on puisse proposer une expérience globale pour tout le monde, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et avec des serveurs qui tiennent bon tout du long.

online programmer thecrew

COMMENT TESTE-T-ON LE ONLINE D’UN JEU ET SA CAPACITÉ À ACCUEILLIR DES MILLIERS DE JOUEURS, AVANT MÊME SA SORTIE ?

J. D. - Il y a le test « unitaire » du code, simplement pour s’assurer qu’il remplit bien sa fonction. On mise aussi des tests multijoueur.euse.s à petite échelle, pour nous assurer que les invitations marchent, que l’on voit bien tous la même chose à l’écran etc. Pour tester l’infrastructure générale et nous assurer qu’elle supporte un grand nombre de requêtes à la même seconde, on a deux options : solliciter tout le monde au studio pour lancer le jeu en même temps, soit via des bots que l’on programme pour faire des tests de charge et isoler les problèmes potentiels. Bien sûr, on ne peut pas tout tester, et c’est aussi pour cela que l’on fait des phases alpha et beta auprès de certains joueurs situés dans le monde entier.

QU’EST-CE QUI TE PORTE ET TE PASSIONNE AUJOURD’HUI DANS CE MÉTIER, TRÈS ÉLOIGNÉ DE TA PREMIÈRE VIE DANS LE MILIEU DE LA CHIMIE ORGANIQUE ?

J. D. - Ce qui me plaît, c’est que chaque projet soit différent, que le online est un milieu très varié, avec un champ de compétences très large. J’apprends donc énormément tous les jours, de nouvelles techniques, de nouveaux outils. C’est ça qui me permet d’être toujours aussi stimulée et passionnée, projet après projet.